Noir Papillon
Yu-Gi-Oh!_Blades

Yu-Gi-Oh! Blades
épisode 20 : La voie du bien

Trois années se sont écoulées. Sasaki s'entraîne d'arrache-pied sous la cascade, répétant ses mouvements de combat, se concentrant sans cesse sous l'oeil sévère mais bienveillant de son vieux maître. Celui-ci, fumant tranquillement sa pipe, l'observe et finit par secouer la tête de déception. Il lâche une longue volute de fumée et se relève.

- C'est inutile, Sasaki.

Sasaki s'interrompt net dans ses mouvements et perd l'équilibre, tombant sous le poids de la cascade. Il boit la tasse et se relève en se frottant le front qui a dû prendre un vilain coup. Il regarde son vieux maître, interrogatif. Faisait-il si mal cet exercice ?

- Tu n'as pas l'esprit de l'eau.

Le jeune garçon baisse tristement les yeux.

Sasaki - Maître...
- Ta technique suprême, Fuh-Rin-Ka-Zan, exige que tu maîtrises les quatre éléments. Tu as l'ardeur du feu, la vivacité du vent et la force de la terre. Mais tu n'as pas l'esprit de l'eau. Si tu n'y arrives pas, tu ferais mieux d'oublier Fuh-Rin-Ka-Zan.

Sasaki baisse la tête, dépité, n'ayant rien à répondre. Il s'enfuit dans les arbres. Le vieux maître le regarde disparaître en silence et reprend sa pipe calmement.

Ayant suffisamment couru pour en être exténué, Sasaki s'adosse à un arbre et respire à pleins poumons. C'est alors qu'il entend une curieuse voix cristalline éclater d'un rire léger. Il ne connait pas cette voix. Il s'avance discrètement en direction de ce discret éclat de rire, fait quelques pas... et soudain un objet pointu fonce droit vers sa tête. Par un extraordinaire réflexe de survie, il esquive l'objet qui vient se ficher entièrement dans l'arbre près de lui.

- Sasaki !

Le garçon reconnait la voix de son frère. Il se retourne vers lui et le voit accroupi dans les herbes, le haut de sa tenue défaite, tenant dans ses bras une belle femme aux cheveux noirs défaits et aux épaules dénudées. Le bras de cette femme est tendu dans sa direction et elle le regarde d'un air courroucé. Sasaki devine que l'objet planté dans l'arbre est une épingle à cheveux. Il retire à grand peine l'épingle dorée de l'écorce et s'avance vers l'inconnue, son frère empêchant celle-ci de la moindre nouvelle agression.

- Sasaki... tu devais pas t'entrainer, là ?

Sasaki remet brutalement l'épingle dans la main de son frère.

Sasaki - Et toi, alors ? Ça fait plusieurs mois que tu manques les entraînements. C'est à cause de cette fille ?

La femme le toise férocement, mais son expression s'adoucit et elle finit par rire calmement, suivi par Kirimaru.

Sasaki - Y'a rien de drôle ! Le maître va être furieux si il l'apprend. Et puis c'est qui, d'abord ?
- C'est ça qui est drôle, frangin, tu la reconnais pas ?

Sasaki examine la femme, un peu gêné. son imagination remet la robe sur les épaules, recoiffe les cheveux, remet les épingles, endurcit le regard...

Sasaki - Amb... Dame Ambrosia ?

Son regard se durcit. Il se tourne vers son frère.

Sasaki - Ne reste pas avec elle, grand frère ! Tu as bien vu son âme quand tu l'as affrontée ! C'est une séductrice ! Elle te jettera comme sa Reine Charmeuse ! Et tu en mourras !
- Heu ? T'en fais pas un peu trop, là ?
Sasaki - Il y a plein d'histoires sur ça dans les rouleaux du maître ! Et ça finit toujours mal !
- Une âme peut changer. Regarde dans mon coeur si tu y tiens.

Sasaki se retient de pester. Son frère a parlé de ses propres talents à cette femme. Quel idiot ! Reste qu'elle a raison. Il se concentre sur Ambrosia et plonge au plus profond de son coeur. La reine charmeuse est toujours là mais...


...de la lumière...


...de la terre...


...du vent...


...du feu...


...et même de l'eau...

Sasaki - Vous êtes vraiment Râ Shôjin Ambrosia ?
- Ton frère m'a apporté plus que tu ne crois.
Sasaki - Vous l'aimez vraiment, alors... Si vous le blessez, je ne vous pardonnerai jamais.

Elle ferme les yeux, incapable de promettre ce qui n'est pas en son pouvoir.

Sasaki - Kirimaru, l'amour est dangereux.
- Tu en fais trop, petit frère. On ne peut pas se protéger de ces choses-là. Promets-moi que tu ne diras rien au vieux.
Sasaki - Pas besoin de demander.

Il tourne les talons et s'en retourne à son entrainement, rongé d'inquiétude.

- Sasaki ! Je prendrai soin de ton frère ! Je te le promets.

Il acquiesce de la tête et reprend sa marche.

- Sasaki !

Il s'arrête.

- S'il devait m'arriver malheur...

Sasaki s'interroge un instant, puis ferme les yeux en souriant.

Sasaki - Je prendrai soin d'elle, c'est promis.


Sasaki reprend soudain ses esprits, comme frappé par le souvenir qui venait de le traverser. Tout devient limpide, évident. La voie du bien. Le vieux maître le regarde avec circonspection.

- J'ai compris, maître. Vous m'avez piégé.

Le vieux maître abandonne sa pose de combat et passe la main dans sa barbe en souriant.

- Tiens tiens...
- Vous vouliez que je refuse ce combat. Vous êtes mon maître, pas mon ennemi. En engageant ce combat j'ai prouvé que je ne cherchais qu'à être plus fort, toujours plus fort, pour vaincre seul mon ennemi, mais...

Il ferme les yeux et lève la tête, comme pour recevoir une pluie aussi bienfaisante qu'inexistante sur le visage.

- ...J'ai juré à mon frère de protéger Ambrosia. J'ai trahi ce serment pour accomplir ma vengeance. J'ai rejeté tous ceux qui auraient pu m'aider pour accumuler de plus en plus de puissance. Et j'ai été jusqu'à affronter mon propre maître, parce que je pensais devenir plus fort. Si j'avais réussi, ça aurait été moi, l'homme dangereux.

Le vieux maître sourit doucement.

- Vas-tu abandonner ce duel ?
- Sûrement pas ! Un vrai samouraï n'abandonne jamais ! Et je vais vous prouver ce que j'ai compris par mes actes, comme je m'y suis engagé !

Il lève le bras et plante à ses pieds un sabre-piège.

- A vous, maître !
- Alors, allons-y !

Miyamoto Sasaki - 1000
Gefallener Engel - 1600

Le vieux maître reprend sa pose d'arts martiaux et se concentre. Il ferme son poing et intensifie toute sa force en lui en un grognement de plus en plus fort. Sasaki frémit. Quel coup son maître va-t-il porter ?

- Le Maître Moine... va attaquer Zanji...

Cette fois-ci il ne frappe pas. Le maître moine porte seul son attaque qui pulvérise l'armure du samouraï doré et les os de celui qui la porte. Sasaki ressent la douleur de son monstre au plus profond de lui-même.

- Argh !

Miyamoto Sasaki - 1000 900

- HA !

Le coup de poing part et vient percuter le sol avec fracas. Mais si l'impact est impressionnant, ce n'est rien comparé au poing gigantesque qui s'abat des cieux sur le grand maître des six samouraïs dont il ne reste plus que des fragments de métal tordus.

- Quel est cette... ?
- La Destruction Terrestre. Grâce à cette technique, je pulvérise ton monstre avec la meilleure défense.



Le Maître Moine reste seul au milieu du terrain, invincible.

Maître moine - ATK 1900

Le vieux maître frappe un coup dans le sol, faisant surgir un monticule de pierre.

- Encore un piège...
- Tu m'as à peine montré le potentiel de tes samouraïs, Sasaki.
- Alors il est temps de corriger cette erreur ! J'invoque Yaïchi des Six Samouraïs !

Un nouveau samouraï surgit, cette fois armé d'un arc.



Six Samouraïs, Yaïchi - ATK 1300

Sasaki brandit le sabre-piège à ses pieds et le lève au ciel.

- Samouraïs, revenez à la vie et montrez la force de votre union !

Dans un geste théâtral, il fait exploser le sabre, et un jet d'énergie sort de son corps, drainant ses dernières forces.

Miyamoto Sasaki - 900 100

Le jet d'énergie se perd dans la nuit et retombe avec fracas devant lui, traçant un cercle magique d'où surgit Nisashi, le samouraï aux épées doubles.



Six Samouraïs, Nisashi - ATK 1400

Un second jet retombe du ciel, et dans un nouveau cercle magique apparaît Yariza, le samouraï à l'armure bleue.



Six Samouraï, Yariza - ATK 1000

Un troisième jet tombe des cieux et explose au sol en un cercle magique. Kamon en sort, prêt à anéantir les pièges ennemis.



Six Samouraïs, Kamon - ATK 1500

Un quatrième jet tombe, et c'est cette fois Zanji qui revient à la vie.



Six Samouraïs, Zanji - ATK 1800

Sasaki quitte sa pose théâtrale, exténué par la dépense d'énergie que lui a coûté ce sortilège. Il respire péniblement.

- En offrant la quasi-totalité de mon souffle magique, ce sortilège me permet de ramener chacun de mes samouraïs tombés au combat.



Le vieux maître observe ces cinq vaillants samouraïs revenus à la vie. Il pense à son piège. Malgré toute sa bonne volonté, Sasaki ne pourra pas le vaincre. Il caresse sa barbe en souriant.

- Cette fois, Kamon va anéantir le sortilège du Loup solitaire !

Le samouraï artificier allume son explosif et le jette sur le Maître moine. L'explosion assourdissante produit une grande quantité de fumée dont les volutes s'estompent, laissant apparaître un maître moine toujours intact, mais son aura d'invincibilité l'a quittée.

- C'est une belle manoeuvre, mais tu as fait un mauvais choix. Tu n'as plus assez de souffle magique pour refaire la manoeuvre de tout à l'heure. Il eut fallut ramener le Grand Maître des Six Samouraïs, et non Zanji, pour venir à bout de mon Maître Moine. Par ailleurs...
- ...?
- Tu sembles oublier mon dernier piège.

Sasaki secoue la tête en souriant.

- Je n'oublie rien du tout, maître. Yaïchi va détruire ce piège !

Le samouraï bande son arc, ciblant le monticule de pierre. La flèche part, rapide, précise, et pulvérise le piège ennemi. Le monticule n'est pas sitôt détruit que le Maître Moine sert les poings et part dans un grand cri, raidissant tout son corps. Une énergie fantastique monte du sol à travers tous ses muscles et irradie de toutes parts.

- Mais qu'est-ce que c'est ?
- L'Energie Ascendante ! Ce piège permet d'accroître au maximum la puissance de mon Maître Moine !



Le Maître Moine crie pour canaliser l'énergie, se raidit, contracte ses muscles, et enfin se redresse, plus fort que jamais. Il semble à Sasaki que ce monstre a doublé de taille tant il est devenu impressionnant.

Maître Moine - ATK 1900 3400

Le vieux maître pousse un soupir de dépit.

- Tu as perdu, Sasaki.
- Cette fois vous vous trompez vraiment, maître.
- Comment ?
- J'ai bien compris votre leçon, et vos enseignements ont donné naissance à une nouvelle possibilité !
- Une nouvelle possibilité ?

Le vieux maitre cache difficilement sa satisfaction.

- Mes samouraïs sont forts parce qu'ils sont ensembles ! Seuls, ils sont impuissants, et c'est cette leçon que vous vouliez que je tire de mon âme. Et bien voilà votre leçon, maître ! L'union de mes samouraïs va les doter d'une nouvelle force, la force de l'amitié !

Yariza s'avance d'un pas et se met en garde. Derrière lui, ses compagnons s'attrapent chacun par le bras et tendent leur main libre vers leur allié. Yariza se concentre. Il sent la force de l'amitié qui l'unit à ses compagnons. Passant de l'un à l'autre, leur force devient visible, palpable, crépitante sous la forme d'éclairs électriques, et ces éclairs d'amitié viennent investir l'armure de Yariza dont l'aura augmente à vue d'oeil !

- Yariza est le plus faible de mes six samouraïs, mais l'amitié de ses frères le rend invincible !

Six Samouraïs, Yariza - ATK 1000 1800 2600 3400 4200 5000

Maître Moine - ATK 3400
Gefallener Engel - 1600

- L'Union fait la Force. Voici votre leçon, maître.



Le vieux maître approuve dans un grand sourire satisfait.

- J'ai gagné.

Maître moine et samouraïs disparaissent tandis que Sasaki tombe à genoux d'épuisement. Cette manoeuvre lui a dévoré ses dernière forces. Le vieux maître avance vers lui d'un pas calme et lui tend la main. Le samouraï la saisit avec joie et se redresse de son mieux.

- Que vas-tu faire à présent ?
- Retourner sur mes pas. Si je ne peux pas revenir sur ce que j'ai fait, je peux au moins retourner là où cela s'est produit. Peut-être que le destin m'enverra un nouveau signe.
- C'est une sage décision.

Sasaki tourne le dos à son maître et part d'un pas tranquille, laissant son vieux maître exprimer sans complexe son énorme joie. Lui est déjà de retour à sa quête, aux alliés qu'il faudra convaincre, aux fautes à réparer, et à sa promesse...

Sasaki - Je prendrai soin d'elle, c'est promis.

- Miyamoto Sasaki !

Il s'arrête.

- Tu as prouvé que tu n'étais plus un élève, mais un vrai guerrier. Si le destin doit nous remettre face-à-face, je te traiterai comme tel, et je ne retiendrai pas mes coups.

Sasaki se doutait que son maître ne s'était pas battu à son maximum. Il remet son chapeau, sa cape, et baisse la tête en souriant.

- Merci, maître.

Sasaki respire l'air brûlé de l'île. Cette odeur est celle de la destruction, de la défaite. C'est ce goût de cendres qu'avait son âme. Désormais il suivra la voie du bien.

**** Quelque part sur l'océan, dans un étrange navire en forme de tortue ****

Il fait nuit. Un jeune garçon est seul debout, à s'entraîner, à répéter des mouvements de combat. Il transpire, mais ne faiblit pas. Au milieu du pont, une jeune femme essaie de dormir dans un lit en forme de coquillage, tenant contre elle la baguette du silence comme un doudou, mais les kïaïs du garçon l'empêchent de trouver le sommeil.

La jeune femme - Hmhmhmhmmm...

Elle se frotte les yeux et s'assoit, regardant ce drôle de garçon se fatiguer en vain.

La jeune femme - Bangi, tu veux pas arrêter ? Je voudrais dormir.
Bangi - Vous avez déjà dormi toute la journée, madame.
La jeune femme - C'était juste une petite sieste. Là c'est la nuit et il faut dormir. Rien à voir !

Il soupire.

Bangi - Vous avez peut-être toute la puissance du monde en dormant à longueur de journée, mais moi je dois m'entraîner si je veux devenir aussi fort que vous !
La jeune femme - Tu serais bien avancé.

Elle se lève, prend la baguette et son énorme oreiller, et prend les escalier qui vont sous le pont.

La jeune femme - Il va pleuvoir, ne t'enrhume pas.
Bangi - Peuh !

Il reprend ses exercices, ne prêtant aucune attention à elle, ni aux gouttes qui commencent à tomber. L'ondée vire à l'averse, et l'averse à l'orage. Les éclairs commencent à zébrer le ciel et le pont à devenir dangereusement mouvant et glissant. Il lui faut bien reconnaître son impuissance face aux éléments déchaînés.

Rageant de son impuissance, il se retourne pour aller s'abriter, et tombe nez à nez avec une silhouette inconnue s'imposant à la lueur d'un éclair. Il trébuche sous la surprise et tombe au sol. Le visiteur inconnu l'observe d'un regard plein de malice et d'avidité.

- Bonsoir, Bangirasu...